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Burkina : La publicité, un secteur en perte de repères mais plein de potentiel, selon Dr Jérémie Nion

Ouagadougou, 11 oct. 2025 (AIB)-Jadis organisé et dynamique, le secteur de la publicité au Burkina Faso traverse aujourd’hui une crise profonde liée à la désorganisation, à la faible régulation et à l’absence d’un cadre juridique adapté. C’est ce qui ressort de la thèse de doctorat soutenue par le journaliste sportif Jérémie Nion, qui propose des pistes pour redynamiser un domaine pourtant vital pour l’économie nationale et la survie des médias. Le jury a salué un « travail de pionnier dans le domaine » et lui a décerné le grade de docteur en sciences de l’information et de la communication de l’université Joseph KI-ZERBO, avec la mention « très honorable ».

Selon Dr Jérémie Nion, la publicité burkinabè a connu son âge d’or sous la Révolution démocratique et populaire, avec la création de Zama Publicité et de la Direction générale de la publicité, lorsque les rôles étaient bien définis et que des mécanismes clairs encadraient les acteurs. « Mais après la privatisation de Zama Publicité, un vide s’est installé, et désormais tout le monde pouvait s’improviser publicitaire sans respecter les règles », a-t-il regretté.

Cette dérégulation, poursuit-il, a engendré une désorganisation généralisée, des comportements inamicaux entre acteurs et une régulation quasi inexistante, rendant le secteur peu compétitif.
Le chercheur souligne également que les coûts de diffusion des spots publicitaires à la télévision nationale restent élevés, alors même que le pouvoir d’achat des citoyens demeure faible.
« Un spot de 30 secondes sur une chaîne publique coûte environ 100 000 F CFA, ce qui place le Burkina au quatrième rang des pays les plus chers de l’UEMOA pour ce type de prestation », a-t-il précisé.
« Si l’on compare au niveau de vie, ce coût devient difficilement soutenable pour les annonceurs, qui se tournent alors vers des publicités déguisées ou des alternatives moins coûteuses », a-t-il ajouté.

Pour Dr Nion, la restructuration du secteur est urgente, car la publicité ne profite pas seulement aux agences, mais aussi à l’État, aux médias et à de nombreux emplois indirects.
« Les télévisions, surtout, vivent de la publicité. Si elle meurt, elles meurent avec », a-t-il averti, plaidant pour une prise de conscience collective et une réforme concertée du cadre légal et économique.
Pour lui, la publicité n’est pas un sujet mineur : « On ne peut pas vivre sans médias, et les médias ne peuvent pas vivre sans publicité. »

Le directeur de thèse, Dr Régis Balima, a salué un « travail de bonne facture, rigoureux et pionnier », soulignant la qualité de la recherche documentaire et la pertinence du terrain exploré, et a recommandé que les résultats de la thèse soient publiés sous forme d’ouvrage afin de servir de référence pour les décideurs et les acteurs du secteur.

Le journaliste sportif Jérémie Nion a défendu sa thèse de doctorat unique en sciences de l’information et de la communication de l’université Joseph KI-ZERBO sous le thème : « La professionnalisation du secteur de la publicité télévisuelle au Burkina Faso (1990-2023) : acteurs, pratiques et régulations ». Le jury, composé de Serge Théophile Balima, professeur titulaire à l’université Joseph KI-ZERBO, Dr Régis Dimitri Balima, maître de conférences à l’université Joseph KI-ZERBO, Julien Laurent Michel Adhepeau, professeur titulaire à l’université Félix Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire), Alice Nga Minkala, maître de conférences à l’université de Yaoundé II (Cameroun), Mamadou Toé, professeur titulaire à l’université Thomas (Ouagadougou), et Lacina Kaboré, maître de conférences à l’université Joseph KI-ZERBO, a salué un travail de « pionnier » et lui a décerné le grade de docteur avec la mention « très honorable ».
Agence d’information du Burkina
DNK/ata

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