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Burkina : Le chef d’Issouka préconise la révélation des valeurs cachées des traditions pour bâtir une société inébranlable
Koudougou, 14 mai 2025 (AIB) – Le chef traditionnel d’Issouka, Naaba Saaga 1er, a préconisé hier mardi, que l’on mette à profit chaque célébration de la Journée des coutumes et traditions, pour révéler les valeurs cachées des traditions afin de bâtir une société solide, inébranlable et enviée par les autres Nations.
Agence d’information du Burkina (AIB) : Présentez-nous brièvement Issouka.
Naaba Saaga 1er : Issouka est le premier quartier de la ville de Koudougou, comme l’attestent de nombreuses sources anthropologiques.
AIB : Que représente pour vous la Journée des coutumes et traditions célébrée chaque 15 mai ?
Naaba Saaga 1er : C’est un jour nouveau qui n’a qu’un an d’existence. Nous avons salué cette décision de nos autorités, car elle nous rappelle que nos origines doivent être revisitées et comprises par nos enfants et par nous-mêmes. Le 15 mai nous rappelle que, quels que soient nos parcours dans la vie moderne, nous devons nous souvenir de nos ancêtres. En les saluant, nous leur faisons entendre nos voix, qui sont aussi des appels à une paix profonde.
AIB : Quelles sont les principales activités menées lors de cette journée dans votre communauté ?
Naaba Saaga 1er : Les six piliers de Koudougou, c’est-à-dire les cinq quartiers que sont Palogo, Issouka, Burkina, Dapoya, Sogpelcé, ainsi que Godin, se réuniront à côté de la maison du feu Norbert Zongo.
Une contribution volontaire a été demandée aux filles et fils de ces quartiers pour l’achat d’un bœuf qui servira d’offrande aux ancêtres. En plus des sacrifices, la population aura droit à une séance de sensibilisation sur les valeurs du 15 mai. En résumé, cette célébration comporte trois phases : sacrifice, sensibilisation et réjouissance.
AIB : Quel est votre rôle en tant que chef traditionnel durant cette célébration ?
Naaba Saaga 1er : En tant que chefs traditionnels, nous ne réalisons pas les sacrifices. Nous restons en retrait et laissons ce rôle aux chefs coutumiers.
AIB : Quels types de cérémonies ou rites traditionnels sont généralement pratiqués ?
Naaba Saaga 1er : De façon officielle, les sacrifices seront faits en public ici à Issouka. Mais chacun, de retour dans son quartier, accomplira ses propres sacrifices. C’est une manière de donner le ton à tous ceux qui souhaitent le faire chez eux.
AIB : Quelles améliorations suggéreriez-vous pour les prochaines éditions de cette célébration ?
Naaba Saaga 1er : Nous devons profiter de cette journée pour magnifier nos ancêtres au quotidien. Chaque année, nous devons l’enrichir davantage en révélant les valeurs cachées de nos traditions, pour bâtir une société forte, inébranlable et digne d’être enviée.
AIB : En tant que chrétien, comment conciliez-vous vos responsabilités traditionnelles avec votre foi catholique?
Naaba Saaga 1er : Je suis chef traditionnel, et non chef coutumier. Nous avons pour mission d’organiser la vie communautaire. (Après) Nous avons la liberté d’appartenir à une religion révélée.
AIB : Avez-vous déjà rencontré des tensions ou incompréhensions liées à votre double identité (chrétienne et traditionnelle) ? Comment les gérez-vous ?
Naaba Saaga 1er : Dans ma communauté traditionnelle, cela ne pose pas de problème. Mais certains catholiques sont parfois surpris de me voir à l’église, portant mon bonnet rouge, pour assister à la messe.
AIB : Quels efforts sont faits pour impliquer les jeunes dans la valorisation des coutumes ?
Naaba Saaga 1er : Dans la vie, j’ai toujours essayé d’être un homme pragmatique. Plutôt que de parler, il faut poser des actes concrets que la jeunesse puisse voir. Dans ce sens, j’ai créé un musée où les jeunes sont sensibilisés aux valeurs traditionnelles. J’ai également fondé une association à Koudougou, dénommée « Song Naam », qui rassemble de nombreux élèves et étudiants.
AIB : Quel est le rôle de la femme dans les coutumes et traditions ?
Naaba Saaga 1er : La femme occupe une place très importante. Elle est le fondement de la société. En tant que chef, j’ai le devoir de la reconnaître comme une mère, et c’est ce qui m’a poussé à introniser une femme pour la première fois.
Agence d’information du Burkina
ZO-HB/ata