Location de maison d’habitation à Bobo-Dioulasso

Démarcheurs, agences et clients appellent à la réforme du secteur

A Bobo-Dioulasso, comme un peu partout au Burkina Faso, de nombreuses personnes confient généralement la recherche de maisons d’habitation pour location aux démarcheurs et agences immobilière. Mais ces derniers sont souvent décriés pour leur manque de crédibilité. Sidwaya a rencontré les différents acteurs en ce mois début d’année 2023 et ils demandent une réforme du secteur.

 

Lundi 23 janvier 2023, il marque 15 heures 10 minutes. Franc Sosthène Kambou, un jeune juriste de 29 ans, mène son activité de démarcheur dans une maisonnette qui lui fait office de bureau au quartier Belleville de Bobo-Dioulasso. Il exerce dans ce secteur, dit-il, depuis deux ans. Le local de 6m², confie-t-il, lui coûte 17 000 F CFA, le loyer mensuel. L’activité de démarcheur, explique le jeune juriste, consiste à chercher et à proposer aux clients, des maisons à louer moyennant une rétribution. « En plus des frais de déplacement (2 000 F CFA) payés à l’avance, le client une fois satisfait, nous paie un mois de loyer pour le travail rendu », fait savoir M. Kambou. Le métier de démarcheur et celui des agences de location de maisons, poursuit-il, sont deux maillons complémentaires du secteur de l’immobilier. Seulement, reconnait-il, le démarcheur fait dans l’informel. « Cette activité n’est pas organisée comme celle des agences de location. Si fait qu’elle n’est pas reconnue par le fisc », regrette le démarcheur de 29 ans.

Drissa Karambiri est le responsable de l’agence immobilière « Dylak » sis au quartier Ouezzin-ville, sur le Boulevard de la Révolution. M. Karambiri évolue dans le secteur depuis 2005 et emploie quatre salariés. Pour lui, Ies démarcheurs jouent le rôle d’intermédiaire entre les bailleurs et les clients. Ce rôle, estime-t-il, est souvent incontournable dans les grands centres urbains. Comme Franc Sosthène Kambou, lui aussi regrette que l’activité des démarcheurs ne soit pas organisée. Pire, il trouve qu’il y a beaucoup d’abus de la part des démarcheurs.

 

Démarcheurs et agences accusés d’abus

 

Daouda Sanon, coordonnateur d’une ONG et locateur, a été victime de cet abus des démarcheurs dont parle le responsable de l’agence Dylak. En effet, en location dans une maison à 30 000 F CFA le mois, M. Sanon découvre quatre ans après le décès de son démarcheur que la maison coûtait en réalité 20 000 F CFA. « Suite au décès du démarcheur, j’ai décidé de payer directement le loyer au bailleur, c’est en ce moment que je découvre que la maison est louée à 20 000 F CFA en réalité. Donc pendant les 4 ans, le démarcheur qui était entre nous percevait 10 000 F CFA par mois sans que le bailleur lui-même ne soit au courant », raconte-t-il avec désolation. Une autre victime qui a requis l’anonymat soutient avoir fait les frais de l’abus, pas d’un démarcheur, mais d’une agence de location. « Quand je louais la maison, l’agence m’a signifié qu’en cas de problème, c’est elle qui assumait la responsabilité. Pendant que j’y étais, il y a eu une panne d’un brasseur, lorsqu’elle a été mise au courant, rien n’a été fait pour réparer la panne jusqu’à que je décide de quitter la maison. Mais à ma grande surprise, quand je suis allé pour me faire rembourser le reste de ma caution, on me fait savoir que c’est cette caution qui va servir à réparer la panne », relate l’anonyme.

Pour une transparence et éviter que les clients ne soient abusés, Drissa Karambiri demande aux structures étatiques compétentes de mettre de l’ordre dans ce secteur. Abdoulaye Drabo (nom d’emprunt), un autre responsable d’une agence immobilière au secteur 4 de Bobo-Dioulasso, va plus. Pour lui, même le secteur des agences de gestion immobilière a besoin d’une reforme rigoureuse. « L’autorité doit légiférer notre secteur d’activé car il n’y a aucun texte qui nous régit. S’il y a un texte, cela permettra de bien réguler notre domaine » affirme-t-il. Selon lui, les agences ont certes des numéros IFU (ndlr, Identifiant au fisc unique) et payent des impôts, mais aucun texte ne les régit. La gestion d’une agence immobilière, indique-t-il, demande des notions de base en droit, en comptabilité et en gestion. « Alors que le constat est que beaucoup de nos collègues n’ont pas ce background », se désole-t-il.

Amadou SIDIBE (Stagiaire)

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