Entreprenariat féminin

Ces femmes au foyer au cœur des activités nocturnes

Outre les activités familiales, des femmes au foyer de la ville de Bobo-Dioulasso développent des initiatives afin d’avoir des revenus pour épauler leurs conjoints dans les charges. Certaines de ces femmes travaillent tard dans la nuit pour avoir plus de revenus. Ces activités nocturnes ne sont pas sans conséquences pour leur vie sociale.

Il est 21 heures ce mardi 23 aout 2022. La capitale économique du Burkina Faso, Bobo-Dioulasso, commence à s’endormir. Au secteur 15 de la ville, la chaleur, suffocante, disparait peu à peu laissant place à un vent froid pendant ce mois d’août. Au coin du boulevard de la révolution, des légumes entassés sur une table rectangulaire jouxtant le marché de Ouezzin ville. C’est le commerce de Korotimi Ouattara.

Mariée et mère de 4 enfants, la jeune femme, à cette heure de la nuit, essaie de satisfaire à la demande des quelques clients qui défilent. Cette activité, elle la mène souvent après 23 heures avant de regagner son foyer. Dame Ouattara mène cette activité depuis son bas-âge. Et après son mariage, son mari la soutient dans ce commerce nocturne. « On ne gagne rien en restant à la maison. C’est la raison pour laquelle je préfère rester vendre ma marchandise tard dans la nuit », soutient Korotimi Ouattara. La quadragénaire confie parvenir à concilier son activité commerciale et la vie de foyer.

« J’ai deux grandes filles et c’est elles qui s’occupent de la cuisine à mon absence », dit la commerçante de légumes. Elle ajoute qu’elle continue de faire cette activité parce qu’elle ne veut pas dépendre de son mari qui a déjà beaucoup de charges. Aux dires de Korotimi Ouattara, ses marchandises ne sont pas en sécurité. Elle fait souvent l’objet de vols vue qu’elle les laisse au marché sans un veilleur de nuit. Tout comme Korotimi Ouattara, Ernestine Ziba, commerçante au secteur 16 de Bobo-Dioulasso, mène son activité jusqu’à tard dans la nuit.

Penchée sur sa table aux environs de 20 heures ce 23 aout 2022, elle étale ses fruits composés entre autre de bananes, d’oranges, de papayes, de pommes et de melons. Elle est mariée et cela fait près de 30 ans qu’elle vend les fruits au bord du boulevard. Ce faisant aider par sa nièce, Mme Ziba rentre après minuit car elle habite à un jet de pierre de son lieu de commerce.

« Je me suis lancée dans la vente des fruits parce que mon mari n’avait pas les moyens et je voulais à tout prix exercer cette   activité  pour l’aider dans les charges familiales », explique Ernestine Ziba les raisons de son activité nocturne. A l’en croire, c’est grâce à cette activité qu’elle paye la scolarité de leurs enfants. Ernestine Ziba souligne qu’elle ne rencontre pas de difficultés majeures dans la gestion de son foyer car son mari la comprend. Cependant elle fait face à des difficultés  d’approvisionnement et de conservation de ses produits.

Des activités qui n’empêchent pas d’accomplir le rôle de mère et d’épouse

Kadidjatou Coulibaly est une restauratrice au secteur  06 de la ville de Bobo-Dioulasso. Mariée  et mère de trois enfants, elle passe la majeure partie de son temps dans son restaurant. « J’ouvre mon restaurant les matins à 8 heures et je ferme après 00 heure. Mes heures de fermeture dépendent de l’affluence de la clientèle », dit-elle.

Cette activité, Kadidjatou l’exerce il y a environ 22 ans. La restauratrice explique qu’elle s’y est lancée parce qu’elle n’arrivait pas à intégrer la fonction publique. Et aujourd’hui ; elle ne regrette pas son choix. « Je parviens à honorer la paie de mes employés, subvenir à certaines charges de la famille. Aussi, je ne dérange pas mon mari pour certains de mes propres besoins », fait-elle savoir.

Madame Coulibaly souligne que son activé ne peut pas l’empêcher d’accomplir son rôle de mère et d’épouse. « Mon mari me soutient beaucoup et c’est en partie grâce à lui si je continue de mener mon activité », dit-elle avec un ton rassurant. Pour les travaux domestiques, comme la cuisine, dame Coulibaly fait savoir que lorsque ses enfants (des filles) étaient en bas-âge, elle faisait la cuisine au restaurant et envoyait à la maison. Mais aujourd’hui, poursuit Kadidjatou Coulibaly, elles ont assez grandi et ce sont elles qui s’occupent  de la cuisine et des travaux ménagers.

Son absence, dit-elle avec un sourire aux lèvres, n’est pas un frein à l’éducation de ses enfants. Selon la restauratrice, sa famille est de tout cœur avec elle. Mme Coulibaly dit avoir surtout le soutien inconditionnel de son mari. Elle confie que son mari a contracté des prêts bancaires  pour l’aider à améliorer son commerce. En retour, selon ses confidences, elle l’aide également lorsqu’il a des problèmes financiers.

Quant à  Maïmouna Sidibé, gérante de boutique et vendeuse de  fruits et légumes au quartier Sarfalao (secteur 17 de Bobo-Dioulasso), elle explique qu’elle accorde du temps à ses enfants et veille à leur bien-être. « En ce qui concerne l’éduction de mes enfants je fais le nécessaire, sinon mes enfants passent tous leur temps chez leur grand-mère c’est elle qui s’occupe d’eux vue que je suis tout le temps à mon lieu de travail », indique-t-elle.

Pour elle il faut faire la part des choses, c’est à dire faire en sorte que l’activité menée ne mette pas en péril son rôle de mère et d’épouse.

Mariam TOURE

(Stagiaire)

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