Femmes PDI à Bobo-Dioulasso

Des « petits » métiers pour survivre

La ville de Bobo-Dioulasso, à l’instar de plusieurs autres localités du Burkina Faso, accueille une multitude de Personnes déplacées internes (PDI) qui ont fui leurs villages suite à des attaques terroristes. Arrivées dans la ville de Sya depuis quelques mois déjà, ces personnes, notamment les femmes, vivent dans des conditions difficiles pour la plupart. Pour joindre les deux bouts, elles sont obligées de mener diverses activités. Echanges avec quelques-unes d’entre elles, toutes originaires de Toéni, province du Sourou (Tougan), dans la dernière semaine du mois de juillet 2022.

 

Suite à la situation sécuritaire qui se dégrade de plus en plus dans sa commune, Toéni (province du Sourou), Kadi Terry et plusieurs autres habitants ont dû partir pour avoir la vie sauve. Il y a sept mois de cela, elle a rejoint Bobo-Dioulasso, laissant derrière elle, tout ce qu’elle possédait comme biens. Dans la ville de Sya, cette Personne déplacée internes (PDI), comme tant d’autres, doit faire face à la dure réalité de la grande ville avec son lot de contraintes. Si d’autres ont pu trouver refuge auprès des siens dans des familles d’accueil, comme Kadi Terry, mère d’une petite fille, certaines par contre, ont loué des maisons pour s’abriter. C’est le cas de Mariam Drabo. La quarantaine révolue, elle a loué une maison deux pièces à 9 000 F CFA par mois avec son mari et leurs 7 enfants dans le quartier Sarfalao de la ville de Sya. « C’est mon mari qui se débrouille quelques fois dans les petits travaux comme la maçonnerie pour nous apporter à manger. Parfois, mes enfants ne gagnent pas de quoi manger », raconte-t-elle avec amertume. C’est la même situation que vit Tarra Djerma, mère de jumeaux à bas âges et 3 autres enfants, dont le mari fait dans la vente de friperies pour subvenir aux besoins de la famille. Tarra Djerma explique que la situation n’est pas facile pour les femmes PDI. « A Toéni, au village, on ne payait pas de loyer et on pouvait éviter certaines dépenses comme l’achat du bois de chauffe ou du charbon, parce qu’on pouvait nous en procurer nous-mêmes. Mais en ville il faut tout acheter », compare-t-elle.

 

Des activités à faibles revenus

 

Avec le coût de la vie qui ne cesse de renchérir et sans une acticité fixe, dame Djerma indique qu’elle et son époux ne savent plus à quel saint se vouer. « Nous souffrons vraiment, surtout lorsque nous voyons nos enfants pleurer de faim parce qu’en moyenne, nous ne pouvons leur offrir qu’un seul repas par jour. Avant que notre village ne soit envahie et brulé par les assaillants, nous pratiquions l’agriculture avec nos maris, ce qui nous permettait de nous alimenter et nourrir convenablement nos enfants », confi-t-elle, nostalgique. Orokia Djongara, mère de 5 enfants, loue, elle aussi, une maison à 7 500 F le mois. C’est presqu’en larme qu’elle confie être menacée d’être « vidée » par le propriétaire pour loyers impayés.

Pour affronter cette dure réalité, ces femmes PDI s’adonnent à des « petites » activités pour assurer la pitance quotidienne de leurs progénitures. Pour Kadi Terry, fait le tour des concessions en longueur de la journée pour faire la lessive. Elle confie gagner entre 1 000 et 2 500 F CFA par jours en fonction de la quantité des habits sales à laver. Celles qui ont assez de forces, sont recrutées par les agriculteurs pour travailler dans leurs champs, à raison de 1 000 F CFA la journée. Drabo Bibata, mère de deux enfants, trouve que cette paie journalière n’est pas à la hauteur de la tâche. De plus, regrette-t-elle, c’est cet argent qui leur sert également à s’acheter à manger pour travailler, ce qui ne leur permet pas d’économiser. Les femmes plus âgées, incapables de faire des travaux pénibles, mènent de petits commerces. Sia Drabo est l’une d’elles. Ayant perdu sa belle-fille et ses deux petits-enfants dans un incendie après le passage des terroristes à Toéni, la sexagénaire est obligée de faire le tour de la ville avec une assiette sur la tête, malgré le poids de l’âge, pour vendre le cola. « Nous voulons vraiment que la paix revienne dans notre pays afin que nous puissions regagner nos villages car la vie en ville est très difficile », lance Sya Drabo, toute résignée.

   Fatoumata Raïssatou TOE

(Stagiaire)

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