Maintien du couvre-feu dans la Kossi

Des habitants crient leur ras-le-bol

Face à l’insécurité dans la province de la Kossi, le gouverneur de la Boucle du Mouhoun a instauré un couvre-feu depuis le 15 novembre 2019 avec de multiples réaménagements dont le dernier court du 30 décembre 2021 au 30 mars 2022 de 22h à 5h du matin. Dans ce micro-trottoir, quelques habitants de la ville de Nouna se prononcent sur la mesure.

 

Daouda Sidibé, citoyen : « Les terroristes opèrent en pleine journée ».

« En toute franchise, le couvre-feu nous pénalise. Nous souffrons depuis 2019. Il n’y a rien produit de positif si ce n’est des vols d’engins, des braquages de boutiques et des enlèvements de personnes dans les villages. De notre entendement, le gouverneur ne nous fait pas de biens. L’insécurité s’amplifie à cause du couvre-feu. Les terroristes opèrent en pleine journée. Nous sommes plus en sécurité que quand il n’y avait pas de couvre-feu. Avec le couvre-feu, nous sommes à la merci des terroristes ».

 

Noëlie Sama, présidente des restaurateurs et restauratrices de la Kossi : « Il faudra alléger les horaires ».

« Le couvre-feu impacte sur nos activités. En plus de l’insécurité, les activités sont au ralenti. Les habitants ne sont plus libres de circuler. Particulièrement dans la restauration, nos repas restent entre nos mains par manque de clients. Les restaurants et les buvettes sont les lieux de détente et de rencontre pour casser le stress après une journée pleine. Si le couvre-feu est une nécessité absolue, il faudra alléger les horaires pour que l’impact ne soit pas trop énorme. Il faut repousser l’heure de minuit à 5 heures du matin. Vivement que les autorités nous viennent en aide ».

 

Alassane Pacéré, président des jeunes commerçants de la Kossi : « La solution n’est pas d’enfermer les gens chez eux ».

« Le réaménagement du couvre-feu ne nous arrange pas du tout, particulièrement nous les commerçants. Cela impacte négativement sur notre économie qui est déjà moribonde. Il est vrai que l’insécurité est bien présente et visible, mais depuis que le couvre-feu a été instauré en novembre 2019, nous n’avons rien vu de positif. Les terroristes n’ont pas été repoussés. Au contraire, ils ont gagné du terrain. En témoigne, l’abandon de certains villages, le déplacement massif des populations vers Nouna. Il y a eu également des braquages de boutiques. A l’heure où l’on parle, l’ennemi ne se cache même plus. Il est présent sur tous les axes routiers. Le lundi 27 décembre 2021, sur l’axe Dédougou-Nouna précisément à Bourasso, ils étaient présents durant 4 heures, fouillant les usagers de la route. Cet axe sera bientôt coupé si rien n’est fait. Ils arrêtent les véhicules en pleine journée. Avec le couvre-feu, l’ennemi va traverser la ville de Nouna en toute tranquillité si les gens sont chez eux. Pour nous, il serait très judicieux de laisser la population et travailler de manière concertée avec les forces de l’ordre. S’il n’y a pas d’activités pour les jeunes, cela créera un terreau fertile pour le recrutement des terroristes. Il faut agir très rapidement. La solution n’est pas d’enfermer les gens chez eux. A quoi sert le couvre-feu ? ».

Propos recueillis par Adama CISSE

AIB/Kossi

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